Description
« Je n’ai jamais été à Rome », écrivait Julien Gracq dans Lettrines 2, et il poursuivait : « Un jour ou l’autre me verra bien sur ses chemins, puisqu’il paraît que tous y mènent, mais qu’y trouverai-je ? »
Cette probabilité, envisagée sans excès d’enthousiasme, trouva à se réaliser au printemps 1976.
(Cité par Bernhild Boie)
Quelle étrangeté que d’enclore l’idée d’empire universel dans un nom de ville ! et de l’y laisser oubliée depuis quinze cents ans. Il y a une atmosphère de déshérence distraite qui est propre à Rome.
On se promène dans ses rues, on est retenu par l’échelonnement démesuré au long des siècles des souvenirs monumentaux, par la prolifération des édifices insignes, par l’entassement des œuvres d’art, cependant que le sentiment diffus d’une absence, d’une vacance centrale se fait jour.
Comme si on parcourait les salles d’un palais où le maître fabuleux de céans, par quelque lubie incompréhensible, se fait celer, et n’y est plus pour personne.
Singulière ville, qui a évacué sur la pointe des pieds l’ordre des tableaux chronologiques et des annales historiques, pour ne plus relever sérieusement que des computations apocalyptiques, millénaristes, de Malachie, de Joachim de Flore, et de Nostradamus.
Avec cet air sournois qu’elle conserve de rêver les yeux mi-clos par-delà les siècles. A la Troisième Rome ?…
Cependant la Sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l’arc de Constantin
Et rien n’a dérangé le sévère portique.
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